Alain agent de ligne

Alain

Le rendez-vous est donné à la station Mermoz Pinel, pour rencontrer Alain, agent de ligne depuis 12 ans.

Téléphone fixe, portable, talkie-walkie, Alain est très sollicité. « Je solutionne un problème » nous glisse-t-il pour nous faire patienter à l’arrivée… et c’est là le sel du métier. Tout du moins les résoudre s’il y a en a ! »

Comment reconnaître un agent de ligne ? Au cliquetis des clés, accrochées au pantalon, pour toujours les avoir sous la main : clé de la porte pompier, des distributeurs automatiques, du bureau des agents, du pupitre de la rame, des boitiers électriques sur les quais, la fameuse clé 455, pour pouvoir déverrouiller un « coup de poing », soit le rupteur d’urgence et bien d’autres encore…

Ses missions sont variées « c’est un métier a plusieurs casquettes » : vérification des équipements en station (portillons, ascenseurs, escaliers mécaniques, distributeurs automatiques de titres etc…), incitation à la validation et participation à la lutte contre la fraude – les agents de ligne sont habilités ET assermentés.

Il est aussi les yeux et les mains du Poste de Commandement Métro quand il faut agir en direct sur le matériel, faire une reconnaissance en tunnel ou évacuer une rame en inter-station.

« Chaque fois que tu rentres en tunnel, il faut être concentré, pour ne rien louper, de façon à ce que tout se passe le mieux possible.  Il faut garder son sang-froid. Faire en sorte que les gens sortent dans le calme, les rassurer ».

Ceci, toujours en rendant compte au PC métro, au fil des procédures successives qu’il déroule précautionneusement. Un régulateur, croisé au cours de sa carrière lui avait dit un jour que « dans le ferroviaire, il fallait se dépêcher lentement », pour être sûr de ne louper aucune étape des process.

En effet, même si aucune journée ne se ressemble, ce qui ne dévie JAMAIS, c’est le cadre sécuritaire. Pour soi et pour les autres. En plus du cadre très strict des procédures, il faut être fin observateur.

Arrivé le 10 mai 1999 au dépôt de La Soie en tant que conducteur de bus, il passe ensuite par la conduite au tramway, où il a lancé les lignes T1 et T2 « c’était tout neuf ! A l’époque, les cabines n’étaient pas fermées comme maintenant, il fallait gérer le succès de ces nouveaux habitacles, et rester concentré lorsqu’on entendait les commentaires des voyageurs ». Il conduit par la suite sur les lignes A et B du métro, et dispense des sessions de formations pour les futurs conducteurs, animé d’un goût certain pour la transmission, sûrement légué par sa mère, enseignante.

Affecté au secteur Sud-Est allant de la station Vénissieux à Grange Blanche, Alain travaille essentiellement la nuit, mais lorsqu’il est de roulement en matinée, le réveil sonne tôt. Il doit alors se rendre à l’atelier du Thioley et dégarer à 4h05. Il fait alors ce qu’on appelle « le train blanc ». Il monte seul dans la rame, mais accompagné d’un régulateur à distance, et fait les vérifications d’usage station après station, des systèmes, en rame et en station, et doit acquitter les éventuels défauts qui pourraient empêcher la bonne marche de l’exploitation.

Arrivé à mi-parcours à la station Saxe-Gambetta, il rejoint son collègue – agent de ligne qui lui a dégaré au terminus opposé, et tous deux s’échangent les rames, pour repartir dans leur secteur d’affectation.

Passé les habilitations et compétences très techniques, Alain affirme que pour exercer ce métier, il faut d’abord aimer les gens. Lorsqu’il n’est pas en intervention, il a les yeux rivés sur les allers et venues des voyageurs qui passent les portillons. « Tu peux arrêter les gens, et donner de la saveur à la journée avec des échanges. C’est toi qui colories ta journée. Moi, je viens pour le spectacle, chaque jour se joue un acte, pas besoin d’aller au théâtre ! ».

Pour ne rien louper de ces intermèdes souterrains, il ne quitte pas ses lunettes rouges, raccord avec sa tenue TCL bordée de liserés de la même couleur « Je suis allé chez l’opticien en civil !! Je n’ai même pas fait exprès ».

On quittera Alain en début de soirée, le laissant tant à la technique qu’au coloriage des âmes qu’il croise tous les jours.